July 23, 2021

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Ipas au Forum Génération Égalité

Principaux points à retenir : Un soutien et un financement audacieux pour étendre l’égalité des sexes et l’accès à l’avortement

 

C’est avec fierté qu’Ipas a été partenaire et a coorganisé le Forum Génération Égalité (FGE), le plus grand rassemblement féministe de ces 25 dernières années, qui s’est tenu à Paris du 30 juin au 2 juillet.

Organisé par ONU Femmes et co-présidé par les gouvernements du Mexique et de la France, le FGE a constitué une opportunité extraordinaire pour accélérer l’action pour la défense des droits des femmes – y compris le droit à l’avortement sans risque. Ipas a collaboré activement avec ONU Femmes pour assurer une participation significative de la société civile progressiste au Forum, ainsi que pour garantir des engagements forts en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) et de la justice de genre intersectionnelle.

À la fin de l’événement, environ 1 000 participants du monde entier – dont 440 organisations de la société civile et 94 organisations dirigées par des jeunes – avaient pris des engagements solides et durables en matière de politiques et de programmes pour l’égalité des sexes. Les gouvernements et les fondations ont promis plus de 40 milliards de dollars pour soutenir ces engagements (Forbes et Global Citizen mettent à disposition un condensé des promesses les plus importantes et les plus remarquables).

Des progrès historiques pour la santé et les droits sexuels et reproductifs

Le forum était structuré autour de six « coalitions d’action » – des partenariats novateurs entre diverses parties prenantes, notamment des gouvernements, des institutions privées et des organisations de la société civile – qui ont établi un programme quinquennal pour le financement d’efforts ambitieux visant à étendre les droits des femmes et la justice de genre. L’utilisation d’un langage fort et progressiste dans l’énoncé du Plan d’accélération mondial pour l’égalité entre les femmes et les homme conduit par des coalitions d’action en faveur de l’autonomie corporelle et de la prise de décision en matière de santé sexuelle et reproductive universelle a représenté un énorme pas en avant pour le droit à l’avortement.

La Coalition d’action pour l’autonomie corporelle et la santé et les droits sexuels et reproductifs s’est engagée à :

  • développer l’éducation complète à la sexualité
  • accroître la disponibilité, l’accessibilité, l’acceptabilité et la qualité des services de contraception et des soins complets d’avortement
  • accroître la prise de décision en matière de SDSR et d’autonomie corporelle
  • renforcer, habiliter et émanciper les organisations et réseaux de filles, de jeunes, de SDSR, de femmes et de féministes, et leur donner les moyens de promouvoir et de protéger l’autonomie corporelle et la SDSR

Soutien spécifique à l’accès à l’avortement : Au cours du Forum, certains dirigeants de la Coalition d’action pour l’autonomie corporelle et la santé sexuelle et reproductive ont pris l’engagement collectif au plan mondial d’élargir « l’accès à l’avortement sécurisé pour toutes les personnes susceptibles de tomber enceintes en influençant le changement de la législation nationale dans le plus grand nombre de pays possible afin de garantir la dépénalisation de l’avortement et la suppression des obstacles juridiques et politiques à l’avortement, y compris à l’auto-administration de l’avortement ou avortement auto-géré ». Cet engagement témoigne d’un niveau jamais atteint jusqu’ici de volonté politique de la part de parties prenantes diversifiées qui se mobilisent pour faire progresser le droit à l’avortement au niveau international.

« Il est véritablement encourageant de voir un langage aussi explicite et de constater un consensus sur l’importance vitale de l’accès à des soins complets en matière d’avortement en tant que principe fondamental de l’autonomie corporelle », déclare Jeanne Hefez, Conseillère principale en matière de politique et de plaidoyer chez Ipas, qui a siégé au groupe consultatif de la société civile, l’un des organes décisionnels du FGE. « Les cinq prochaines années seront cruciales pour voir si ce nouveau format de multilatéralisme transformateur peut tenir ces engagements de manière responsable ».

Les engagements d’Ipas

Ipas, principalement en association avec des partenaires, a pris cinq engagements axés sur l’avortement en relation à l’accès à l’éducation complète à la sexualité, la justice climatique et l’autogestion de l’avortement médicamenteux.

 

1

Ipas s’engage à faire dépénaliser l’avortement – y compris l’avortement autogéré à l’aide de comprimés – conformément aux normes inscrites dans les droits de l’homme, en améliorant les lois et les politiques aux niveaux mondial, régional et national. Ipas s’engage également à élargir l’accès aux programmes d’éducation complète à la sexualité (ECS) et à soutenir les mouvements sociaux qui se battent pour l’autonomie corporelle et la dépénalisation de l’avortement. Cela inclut des engagements spécifiques pour :

  • Dépénaliser l’avortement en collaborant avec les parties prenantes nationales à la suppression des obstacles juridiques et réglementaires qui entravent les soins liés à l’avortement – y compris à l’avortement autogéré – et à la contraception, en mettant en œuvre des directives et des politiques nationales fondées sur les orientations de l’OMS et en facilitant la télémédecine.
  • Garantir l’accès en vente libre à la contraception et aux comprimés d’avortement médicamenteux.
  • Veiller à ce que des modèles de réduction des risques soient disponibles et mis en œuvre au sein et en dehors des systèmes de santé publique, y compris dans les contextes humanitaires et dans les endroits où l’avortement est fortement limité.
  • Veiller à ce que les femmes et les filles puissent prendre leurs propres décisions en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs en mettant à leur disposition des informations et des ressources exactes et fiables associées à une ECS, conformément aux orientations techniques internationales des Nations unies en la matière.
  • Collaborer avec divers mouvements sociaux pour élargir l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et dépénaliser l’avortement.
  • Développer l’autonomie corporelle et la santé sexuelle et reproductive en approfondissant nos partenariats avec les mouvements locaux et les organisations de justice sociale, notamment les organisations féministes, de jeunes, de justice climatique et LGBTQ+.
  • Collaborer avec les organisations et mouvements de jeunes et/ou dirigés par des jeunes pour défendre le droit à l’avortement dans les espaces multilatéraux mondiaux et régionaux.

2

Ipas et Le Centre ODAS (Organisation pour le Dialogue pour l’Avortement Sécurisé / Organization for Safe Abortion Dialogue), s’engagent à étendre l’accès aux soins d’avortement sécurisé en Afrique francophone en s’attaquant à tous les aspects de l’écosystème de l’avortement en collaboration avec des champions régionaux et des partenaires techniques. Dans le cadre du FGE, le gouvernement français a accordé cinq millions d’euros sur cinq ans pour soutenir Le Centre ODAS. Première institution féministe d’Afrique francophone consacrée à l’élargissement de l’accès à l’avortement sécurisé, Le Centre ODAS est composé d’organisations communautaires, médicales et juridiques, d’institutions gouvernementales et de partenaires techniques de 12 pays d’Afrique de l’Ouest et de la République démocratique du Congo. Plus précisément, ODAS s’engage à :

  • Soutenir les groupes de travail techniques au niveau régional qui accélèrent les progrès en matière de prestation de services d’avortement, d’engagement communautaire, de recherche, de politique et de plaidoyer.
  • Renforcer les partenariats et la capacité des organisations communautaires et des mouvements féministes à informer sur les termes du protocole de Maputo et à le mettre en œuvre dans leur contexte, ainsi qu’à plaider pour des politiques gouvernementales conformes aux traités internationaux et aux lois locales régissant le droit à l’avortement.
  • Renforcer les coalitions nationales en vue d’améliorer le contexte socioculturel qui influence l’accès à l’avortement.
  • Organiser dans chaque pays des dialogues nationaux réguliers avec le gouvernement et la société civile afin de créer des objectifs et des mécanismes communs de responsabilité et de suivi.

3

Ipas se joint à l’engagement pris en commun lors du Global Safe Abortion Dialogue (Dialogue mondial sur l’avortement sécurisé) de mettre en œuvre le Programme commun pour des soins complets en matière d’avortement, élaboré en avril 2021, afin de répondre à huit priorités : mouvements intersectionnels ; financement réactif ; soins d’avortement de qualité centrés sur la personne ; coordination à travers et au-delà de notre mouvement ; soutien à la prise de risques, à la créativité et au plaidoyer ; réponse aux mouvements d’opposition ; et amélioration de l’accès à l’avortement dans les situations humanitaires. Les signataires s’engagent également à créer des plateformes pour une collaboration et un dialogue permanents, notamment à créer au moins un autre Dialogue mondial sur l’avortement sécurisé au cours des cinq prochaines années.

 

4

En partenariat avec Women Deliver et Women’s Environment and Development Organization (WEDO), Ipas a pris un engagement commun, aux côtés de nombreux autres partenaires, pour mener une action et un plaidoyer collectifs au carrefour de l’égalité des sexes, de la santé et des droits sexuels et reproductifs, et de la justice climatique. Une collaboration renforcée visant un plaidoyer conjoint à ce niveau peut contribuer à l’avancement des objectifs mutuels et à l’efficacité de l’action sur le climat, l’égalité des sexes, et l’amélioration de la santé et des droits des filles et des femmes. Cet engagement s’appuie sur une approche fondée sur les droits qui protège et promeut les droits des individus à l’autonomie corporelle.

 

5

Ipas fait partie du Partenariat mondial pour une éducation complète à la sexualité, qui s’est engagé à mettre sur pied une plateforme unique réunissant au moins 80 membres et représentant divers secteurs et régions, y compris des organisations dirigées par des jeunes – afin de collaborer et faire entendre une voix forte et unie afin de promouvoir l’éducation complète à la sexualité. Cette plateforme permettra aux différents partenaires de partager les meilleures pratiques en matière d’éducation complète à la sexualité, de mobiliser un dialogue politique et social sur l’éducation complète à la sexualité à tous les niveaux, d’élaborer des recherches fondées sur des données probantes et de coordonner une direction commune en matière d’éducation complète à la sexualité.

Engagement interne

Au niveau interne, notre engagement au sein d’Ipas est de construire des écosystèmes durables de l’avortement partout dans le monde et d’accélérer la décentralisation et la décolonisation au plan mondial dans les domaines de la santé et du développement, en commençant par notre propre organisation. Cet engagement s’appuie sur deux cadres directeurs :

  1. Notre modèle d’écosystème durable de l’avortement définit des circonstances dynamiques où les parties prenantes et les systèmes locaux sont activement responsables, réactifs et engagés par rapport au droit à l’avortement. Cet écosystème est ancré dans l’expertise locale, il est conçu par les parties prenantes locales, et il est mis en œuvre dans les pays où Ipas est actif et ailleurs.
  2. Notre approche de leadership partagé à l’échelle de l’organisation aborde la dynamique du pouvoir entre le Nord et le Sud afin de disperser équitablement la responsabilité, l’autorité et la reddition de comptes. Nous visons à démanteler toutes les structures de pouvoir nuisibles, en particulier le néocolonialisme ancré dans les ONGI et les organisations de santé mondiales basées dans le Nord. Ipas s’engage à être gérée localement tout en s’inspirant des meilleures pratiques mondiales. Ipas est unique en son genre parmi les ONGI, car ses bureaux nationaux sont toujours dirigés et gérés par du personnel local. De même, notre matériel technique est développé de manière collaborative, en nous appuyant sur l’expérience et le talent du monde entier.

Ipas a participé aux événements suivants du FGE :

Euphrasie Coulibaly, Conseillère en engagement communautaire et jeunesse pour le bureau régional d’Afrique francophone d’Ipas, est intervenue lors du panel « Nos corps, nos choix, nos genres, nos féminismes » organisé par le Collectif Générations Féministes.

Maria Antonieta Alcalde Castro, Directrice d’Ipas Amérique centrale et Mexique, a modéré le panel « Faire progresser l’égalité des sexes en contrecarrant le manifeste extrémiste », organisé par le Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs (EFP).

Gillian Kane, Directrice technique principale d’Ipas pour la politique et le plaidoyer, a modéré le panel « Amplifier le pouvoir des féministes : résister face aux mouvements anti-droits », organisé par l’AWID, RESURJ, PRA et Ipas.